vendredi 29 mars 2024

J'trouve ça cool

 J’trouve ça cool

 

Quand t’as forcé sur le whisky

Sur le pastis et le chianti

Quand t’es vautrée sur le bar

Devant une vodka-carambar

Quand tu m’dis ‘ouh là là

Je ne tiens plus debout’

Quand tu te colles contre moi

Quand tu m’réclames des bisous

 

J’trouve ça cool

Quand t’es soûle

J’trouve ça cool

 

Tu me parles de moi

Tu me parles de toi

Tu me parles de nous

Tu m’caresses les genoux

Tu parles aux inconnus

Tu leur dis ‘tu t’es vu

Tu t’es vu quand t’as bu’

Moi je leur dis ‘s’cusez là elle a un p’tit peu bu’

 

Tu sors sur le trottoir

Avec ta vodka-carambar

Et tu parles aux pigeons

Et tu les traites de cons

Tu me regardes dans les yeux

Tu m’dis on dirait un ciel bleu

Moi j’te réponds mais non

Tu sais bien qu’ils sont marrons

 

Tu te mouches dans mon manteau

Tu bois dans mon verre de Porto

Tu me marches sur les pieds

Tu m’dis pardon désolé

Tu m’dis j’ai mal au ventre

Tu m’dis quand est-ce qu’on rentre

Tu m’dis est-ce que tu m’trouves jolie

Pi s’teu plait paie-moi un whisky

 

Et plus tu bois du whisky

Plus je bois du whisky

Plus je bois du whisky

Plus tu bois du whisky

Plus tu bois du whisky

Plus t’as les yeux qui brillent

Et plus j’vois tes yeux qui scintillent

Et plus je m’dis que j’aime la vie

 

J’trouve ça cool

Quand t’es soûle

J’trouve ça cool

 

Tu m’dis j’ai mal au ventre

Tu m’dis quand est-ce qu’on rentre

Et puis tu retournes au bar

Commander un Ricard

Tu parles très très fort

Tu parles de quand on sera morts

Tu me regardes dans les yeux

Tu me demandes si je suis heureux

 

Tu retournes sur le trottoir

Avec ton verre de Ricard

Les pigeons sont partis

Mais tu leur souhaites bonne nuit

T’as ton regard d’enfant

Le même que sur la photo

Qu’il y a chez tes parents

Sur la porte du frigo

 

Ça m’donne envie de vivre

De vivre avec toi

Ça m’donne envie d’te suivre

Partout où t’iras

Ça m’donne envie de vivre

Tout seul avec toi

Dans une cabane au fond des bois

Dans le fin fond du Kamtchatka

 

J’trouve ça cool

Quand t’es soûle

J’trouve ça cool

 

J’trouve ça cool

Quand t’es soûle

J’trouve ça cool

 

J’trouve ça cool

Quand t’es soûle

J’trouve ça cool

 

J’trouve ça cool

Quand t’es soûle

J’trouve ça tellement émouvant

Quand tu te lâches complètement

jeudi 28 mars 2024

A l'os

 A l’os

 

J’suis tombé sur un os

J’suis tombé sur un os

J’suis tombé sur un Os-

car Wilde

Sur un livre d’Oscar Wilde et j’y ai lu

Quelques aphorismes qui m’ont beaucoup plu

 

J’suis tombé sur un os

J’suis tombé sur un os

J’suis tombé sur un Os-

car Wilde

J’y ai lu quelques aphorismes drôlement bien

En voici quelques-uns

 

L’artiste est celui qui crée des choses de beauté

 

Il faut viser la lune pour atteindre les étoiles

 

Nos folies sont les seules choses que nous ne regrettons jamais

 

Appuyez-vous sur les principes : ils finiront par céder

 

Soyez vous-mêmes : les autres sont déjà pris

 

J’suis tombé sur un os

J’suis tombé sur un os

J’suis tombé sur un Os-

car Wilde

Sur un livre d’Oscar Wilde et j’y ai lu

Quelques aphorismes qui m’ont beaucoup plu

 

J’suis tombé sur un os

J’suis tombé sur un os

J’suis tombé sur un Os-

car Wilde

J’suis tombé sur un os

Et j’suis allé à l’os

A l’os avec Os-

car Wilde

 

J’suis tombé sur un os

J’suis tombé sur un os

J’suis tombé sur un Os-

car Wilde

J’suis tombé sur un os

J’suis tombé sur un os

J’suis tombé sur un Os-

car Wilde

J’suis tombé sur un os

J’suis tombé sur un os

J’suis tombé sur un Os-

car Wilde

J’suis tombé sur un os

Et j’suis allé 

A

L

O

S

 

A l’os avec Os-

 

Car Wilde

vendredi 20 mai 2022

Petit à petit (sur Beethoven)


y a son visage qui petit à petit

Grossit

Et son œuvre petit à petit

Aussi

 

Y a son menton qui est tout rond

Tout con

Et son grand front son très grand front

Aussi

 

Y a son visage qui petit à petit

Grossit

Ses oreilles qui tombent en

Morceaux

 

Bientôt il n’entendra plus

De si

Ni de fa ni de ré ni

De do

 

Le jour où il n’entendra 

Plus rien

Ce jour-là rien ne l’empêchera, 

Plus rien

 

De se chanter tout ce

Qu’il veut

Sous son grand front et ses

Cheveux

vendredi 11 février 2022

Les sparadraps

 Il a des sparadraps

Tout là-bas au bout

Du bout 

De ses doigts

Et ses sparadraps

Sont

Blancs

Sauf quand ils sont

Sales

Et ils sont souvent sales, parce le blanc

C’est salissant

 

Il a des sparadraps

Sur le bout des doigts

Et il en a trois

Des doigts

Depuis qu’il en a perdus

En route

Un jour

Un soir

 

Moi je les aime

Ses sparadraps

Ils ont de la gueule

Ses sparadraps

Ils s’effilochent

Un peu

Et ça donne envie de dire,

« Attrapez le ponpon », 

Et ça donne envie de dire aussi, 

« Tire la chevillette et la bobinette cherra »

Et ça donne envie de dire aussi,

« Monsieur vous avez un long fil qui pend »

 

Moi je les aime

Ses sparadraps

Parce qu’ils sont

Beaux

Mais sûrement moins beaux

Que ses

Bobos

samedi 8 janvier 2022

Emmanuel Carrère, Limonov

 Emmanuel Carrère, Limonov, P.O.L., 2011.

 

Le genre : l’histoire d’un mec, et un peu aussi du rapport de l’auteur à ce mec.

 

L’histoire : ce livre raconte l’histoire d’Edouard Limonov, un baroudeur-aventurier russe qui a grandi sous Khrouchtchev et Brejnev, a vécu en France et aux Etats-Unis, a fait la guerre en ex-Yougoslavie, a fait de la prison. 

 

Mon avis : Ça se lit hyper bien. Le style est franc et direct, sans chichis. Et la personne dont il est question est ce qu’un intervieweur appellerait un « bon client » : sa vie est franchement aventureuse. Limonov, c’est vraiment un gars qui a décidé qu’entre sa naissance et sa mort il se passerait quelque chose, et qui subordonne sa vie à cette volonté qu’il se passe quelque chose. Il prend des risques. Il fait des conneries. Il a un côté dur. Si vivre en héros c’est agir sans trop penser aux causes et, surtout, sans trop penser aux conséquences de ses actes, alors la vie de Limonov a quelque chose d’héroïque. Donc tout ça se lit facilement, comme un roman d’aventures, avec en plus un côté « histoire contemporaine de la Russie et de l’Europe », puisque Carrère emmène le lecteur des années Brejnev aux années Poutine, de la Russie au Kazakhstan, en passant par Paris et les Etats-Unis – bref y a de l’action.

C’est aussi un livre qui a un côté presque « inspirant » comme on dit. Le fait qu’il raconte l’histoire d’un aventurier qui prend des risques et n’en a rien à foutre de que les autres pensent de lui, ça en fait un livre sur le courage et l’intérêt d’en avoir. 

Par ailleurs il y a des passages drôles. C’est un peu un humour à la Houellebecq, qui découle de l’aptitude de l’auteur à relever des choses cocasses ou un peu ridicules. Ça marcherait encore mieux si ce genre d’humour venait au milieu de narrations ultra-laconiques à la Houellebecq justement, mais c’est sympa de sourire voire de rire plusieurs fois dans ce livre.

Il y a certains passages qui ont déjà un peu vieilli. Par exemple quand il dit que ça paraît lunaire et à peine croyable en France, pour un vieux type d’extrême droite, de susciter l’intérêt de jeunes punks. Ou quand il évoque les bienfaits de la méditation. Ces passages-là, du fait de l’extension ces dernières années du domaine de l’extrême-droit, d’une part, et du domaine de la méditation, d’autre part, seraient probablement écrits un peu différemment aujourd’hui. 

Les passages où l’auteur explicite son rapport à son personnage sont intéressants et font de chouettes respirations ou contrepoints au récit. Il y a d’ailleurs des moments où on aurait envie de dire à l’auteur, « vas-y, choisis ton camp : si tu veux parler de Limonov, arrête de ramener ta fraise pour un oui ou pour un non ; si tu veux parler de ton rapport à Limonov, fais le davantage, fais le mieux, fais le à fond ». Carrère a une fesse dans le pur roman et une fesse dans l’autofiction genre « mon rapport à Limonov ». On devine que ce qui intéresse Carrère dans Limonov c’est le fait que cet aventurier ait fait tout ce qu’un bourgeois français né dans les années 50 (Carrère) n’a pas envie, pas besoin, et pas les ressources pour faire : prendre de gros risques, vivre comme un clochard, aller en prison, faire la guerre. Mais on le devine seulement puisque Carrère ne va pas complètement au bout de l’élucidation de son rapport à Limonov.

Du coup les quelques moments où Carrère donne son avis sur Limonov (en le défendant par ci, en pointant son immoralité ou sa méchanceté par là) ont un côté un chouïa agaçant : on a envie de dire à Carrère, « Emmanuel je suis assez grand pour me faire un avis tout seul sur ton héros ; si toi tu as envie de parler de toi, fais le carrément, fais le à fond, va jusqu’au bout ; dans le cas contraire, laisse moi avec ton héros, je m’en débrouillerai, t’inquiète ».

A la fin du livre, Carrère se complique un peu la vie. Au lieu de nous laisser sur une impression forte et intense et poétique et émouvante (s’il avait arrêté son dernier roman au dernier mot du dernier chapitre), il tient à faire un épilogue, et son épilogue (comme à peu près tous les épilogues d’ailleurs) est un peu poussif, comme s’il fallait absolument synthétiser, expliquer, coiffer, la vie de son héros qui n’en a nullement besoin. (Ça ne m’étonnerait pas que ça soit l’éditeur qui ait réclamé un épilogue d’ailleurs). Ces quelques pages en trop font penser à la phrase de Stravinsky qui disait qu’« il y a beaucoup de morceaux de musique qui finissent trop tard ».

Un livre qui se lit vite et bien et transporte le lecteur. Pas pour autant le genre de livre qu’on a envie de relire toute sa vie ou dont on regrette que la fin approche (quant à moi j’étais suffisamment dans le livre pour n’avoir pas envie de sauter des  passages, mais pas assez envoûté pour vouloir que ça dure – à la fin j’ai lu de plus en plus vite, comme un polar, un peu pour connaître la fin, un peu aussi pour en finir). Un livre dont le style simple et direct donne envie d’avoir le talent et le courage d’écrire comme son auteur : de manière simple et directe.

Et un livre qui donne envie de jeter un œil (voire de lire) Yoga son dernier livre. 

vendredi 31 décembre 2021

Eric Fottorino, Mohican

 Eric Fottorino, Mohican, Gallimard, Gallimard, 2021. 

 

Le genre: roman sur les-oubliés-de-la-campagne aux prises avec le progrès technique ; avec dedans aussi une histoire de relation père-fils.

 

L’histoire : Ça se passe dans le Jura. Il y a Brun, un vieux paysan taiseux bourru un peu ours et dur au mal et qui tombe malade et qui ne veut pas trop l’admettre parce que toute sa vie il a bossé et c’es pas le genre à se plaindre, etc. Et il y a Mo, son fils, qui lui s’intéresse à l’agriculture bio, etc. et puis il y a une entreprise qui a besoin de terres pour installer des éoliennes et qui achète des terres au vieux paysan. Et l’intrigue se développe autour de tout ça. Le vieux paysan raconte sa vie à son fils, le père et le fils se parlent plus que jamais à mesure que la santé du paysan se dégrade. L’entreprise installe ses éoliennes, et ça fait fuir les petits oiseaux, et alors le fils du paysan il se dit, faut faire quelque chose. 

 

Mon avis : bof. Style pas très nourrissant, histoire assez convenue. On peut même jouer à un jeu assez rigolo : deviner à l’avance ce qui va se passer. C’est vraiment pas bien difficile, puisqu’on a tous les lieux communs propres à ce genre de thème (le vieux paysan est bien bourru et pudique et taiseux comme il faut, et vous savez quoi, quand il était petit il y avait davantage d’oiseaux qui chantaient, il n’y avait pas tout le confort qu’il y a de nos jours (les chiottes étaient dans la cour) mais au moins ; et puis le chef de chantier qui vient installer les éoliennes est bien méchant et bien retors comme il faut ; et puis la nature est bien jolie comme il faut, et il faut la sauver ; etc,.etc.,etc., et c’est comme ça pendant à peu près tout le livre. Face à tous ces lieux communs à un moment je me suis dit, si ça se trouve c’est un livre qui date d’il y a quelques années, qui était moins convenu à l’époque de sa sortie, et qui est juste « victime » du fait que ces thèmes soient devenus un peu banals avec les années. Alors j’ai regardé la date sur la première page. 2021. Arf.

Soit dit en passant : un des seuls trucs inattendus c’est les prénoms des personnages (Brun et Mo). Bizarre. comme si Fottorino avait hésité entre des prénoms crédibles et des prénoms fantaisie, et qu’il avait coupé la poire en deux. Bon. 

Mais bref le fait que l’histoire soit convenue je trouve ça pas grave du tout, moi perso souvent j’adore les histoires toutes simples et souvent j’adore même les stéréotypes et les clichés et les lieux communs, je trouve que quand on joue avec ou qu’on s’appuie dessus ça peut faire des livres super, il suffit qu’il y ait des choses charmantes ou drôles ou stylées. Mais là je ne les ai pas trouvées chez Fottorino. 

Bon j’avais déjà lu un Fottorino il y a quelques années (c’était Baiser de cinéma je crois) et pareil je n’avais pas trop aimé. 

Les trucs qui m’ont plus quand même : Certains passages sur la relation entre le père et le fils et le fils qui aide le père (qui lui coupe sa viande, qui lui pèle ses poires) m’ont ému – peut-être parce que j’ai un père qui vieilit et qui est en pleine forme mais à qui il faudra peut-être un jour que je pèle les poires. Donc si ça se trouve si j’étais fils de paysan ou miiltant pro ou anti éoliennes j’aurai mieux aimé ce livre. Va savoir. 

Et la langue est sans charme mais sans lourdeur. C’est déjà ça. C’est écrit au passé, avec des passés simples décomplexés, et ça je trouve ça sympa de ne pas laisser les passés simples à Lévy et Musso et Houellebecq, les livres au présent à la Edouard Louis why not mais les livres au passé c’est chouette aussi. 

Mais bon bref : y a plein de romans mieux que Mohican, je trouve.  

 

Un extrait : 

 

« Brun opina. Ça irait pour cette fois. Ses yeux criaient « aide-moi », mais il se garda bien de rien dire. Fichue fierté. Le fils approcha la roue des gorges en fer. Brun tenait à serrer les boulons. Ils échangèrent encore un regard. Fâchés ou non, ils savaient bien qu’ils étaient forczés de s’entendre. Etre deux pour ne faire qu’un. Même quand ils ne se parlaient pas ils avaient la complicité des gestes, comme rectifier un sillon à la main, ou glisser dans leur poche des graines versées en trop. »

mercredi 29 décembre 2021

(h)al(l)u

 Je suis nul en paperasse,

en papiers.

d’ailleurs tout petit déjà dans le grand bain j’avais pas pied

ha, ha

tu saisis le  jeu de mots, papiers, pas pied, ha, ha

bon. 

 

sur le papier

la vie est belle

mais elle est belle

aussi,

en vrai

et d’ailleurs

vivre sur le papier

c’est pas forcément pire

que 

vivre en carton

vivre dans le béton

et caetera

ha, ha

et d’ailleurs vivre en alu

je ne veux pas

car j’aime les hallu-

cinations

mais je n’aime pas l’alu-

minium

car l’alu-

minium

ça se finit en

-um

et ça me rappelle le bibendum

de Michelin

et vu que j’ai grandi à Clermont-Ferrand

et que mon enfance

c’est mon enfance

à moi

eh ben je me sens dépossédé de quelque chose, 

quand j’entends quelqu’un dire 

bibendum

ou même

-ibendum

ou même

-bendum

ou même

-endum

ou même

-ndum

ou même

-dum

ou même

-um

ou,

même,

hum hum,

-ium,

ou -nium,

ou -inium,

ou -minium, 

ou -uminium, 

ou -luminium,

et encore plus, 

par surcroît,

aluminium

 

donc je n’aime pas l’aluminium

 

mais j’aimes les hallu-

cinations

 

parce que souvent

c’est jo

li

les ha

llu